… »LA CONFUSION DERRIÈRE LE TERME DE « STAGIAIRE »
Le Monde avait pourtant trouvé les 60 000
Des conclusions tranchées qui ont de quoi étonner. Car trois mois plus tôt, le même journal écrivait… exactement le contraire. « La création de 60 000 postes, un pari en passe d’être tenu », titrait le journal dans son édition du 16 juillet 2014. « Il est trop tôt pour dire si l’engagement pris par François Hollande pendant la campagne présidentielle de 2012 sera tenu, mais les résultats des concours 2014, publiés progressivement jusqu’au 13 juillet, montrent qu’il existe encore des raisons d’y croire », assurait Le Monde. Trois mois plus tard, le journal n’y croit plus du tout. La faute à ces créations massives de postes de stagiaires et pas de titulaires.
Sauf que le nouveau raisonnement du Monde en a dérouté plus d’un. Au bas de l’article, plusieurs commentaires s’étonnent de la distinction entre des « postes pérennes de titulaire » et des « postes de stagiaire ». Et pour cause : un stagiaire dans la fonction publique n’a pas vraiment le profil du stagiaire sous-payé et éjectable comme dans le secteur privé… puisqu’il est payé comme un temps plein et est titularisé l’année suivante (à quelques rares exceptions près). En clair, les 28 000 stagiaires de la première moitié du quinquennat vont automatiquement devenir des enseignants titulaires.
Dit autrement par un lecteur du Monde.fr : « un « stagiaire » est quelqu’un qui a réussi son concours d’enseignement (CAPES ou agrégation) et qui débute à mi-temps dans le métier. Il devient quasi-automatiquement titulaire à la rentrée suivante. Cet article est donc totalement erroné ».
Jointe par @si, Fabienne Bellin, secrétaire nationale du SNES « en charge des questions de politique scolaire » nous assure « avoir lu l’article avec une certaine perplexité ». « Il y a une confusion entre les emplois et le poste. Tous les emplois créés ne sont pas des emplois équivalent temps plein », explique Bellin. Traduction : sous Sarkozy, les « stagiaires » travaillaient à temps plein devant les élèves. Hollande ayant rétabli l’année de formation, un « stagiaire » ne travaille plus qu’à mi-temps devant les élèves : il fait 12h dans le premier degré (école maternelle et primaire) et 9h dans le second degré (collège-lycée). Le reste du temps, il suit une formation.
Autrement dit, il faut aujourd’hui deux fois plus de stagiaires version Hollande (9h devant élèves) pour effectuer le travail des stagiaires Sarkozy (qui étaient à temps plein). Voilà pourquoi l’essentiel des créations de postes de la première moitié du quinquennat ont été utilisées pour « financer » la nouvelle formation : il faut plus de monde pour assurer le même volume horaire. En échange de quoi, les professeurs stagiaires bénéficient d’une véritable formation. Et tout cela demande des crédits supplémentaires puisque cela coûte plus cher : car tous les stagiaires sont payés plein pot. On les paye pour assurer des heures de cours et pour se former. Mais tout ceci n’est pas un « subterfuge », ou un « artifice comptable » : le rétablissement d’une formation faisait partie de la promesse n°36. »…
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